Les nausées et vomissements de grossesse (NVG) touchent 50 à 85 % des femmes enceintes [1]. La pathogenèse des NVG est multifactorielle. Elle implique des facteurs génétiques, endocriniens et gastro-­intestinaux [2-5]. L’explication génétique de cette pathologie a progressé très récemment avec la découverte de l’implication du gène GDF15 (Growth Differentiation Factor 15) dans la mécanistique des NVG. GDF15 est une hormone agissant sur le tronc cérébral qui provoque une perte d’appétit, des aversions alimentaires, des nausées, des vomissements et une perte de poids. D’après la récente étude du Fejzo et al., le gène GDF15 qui produit l’hormone GDF15, semble être responsable des NVG [5].

La fréquence des NVG atteint un pic aux alentours de la neuvième semaine d’aménorrhée [6] avec des symptômes pouvant persister au-delà du premier trimestre chez une femme sur cinq [7]. Plusieurs études ont démontré un impact majeur sur la qualité de vie chez six à huit femmes sur dix souffrant de NVG (toutes les sphères de la vie quotidienne étant concernées : professionnelle, relationnelle, familiale, intime, psychologique) [8-11].

Toutefois, les NVG ne sont pas systématiquement pris en charge et certains professionnels de santé et patientes sont réticents à utiliser un traitement médicamenteux pendant la grossesse [12]. Soulignant l’hétérogénéité des pratiques, les associations de patientes (Association HG – Nausées et vomissements de la grossesse, neuf mois avec ma bassine) ont sollicité le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF), afin de définir des propositions de prise en soins, publiées sous forme de consensus en 2022 [13].

Dans ce contexte, l’étude NAVIGA a été mise en place pour évaluer le ressenti et le vécu de la prise en soins entre les patientes et les équipes soignantes (gynécologues, sages-femmes, médecins généralistes).

Méthodologie

Le Comité scientifique NAVIGA a élaboré deux questionnaires. Le premier, diffusé en 2021, s’adressait à 404 femmes majeures, enceintes pendant l’étude ou ayant été enceintes au cours des trois années précédentes et vivant en France métropolitaine. Ce questionnaire évaluait les symptômes, l’impact sur la qualité de vie et la prise en soins. Le second questionnaire destiné aux professionnels de santé évaluait les pratiques en consultation et la prise en soins des patientes. Il a été diffusé en ligne de juin à octobre 2023, auprès de professionnels exerçant en France métropolitaine et en outre-mer.