Les maisons des femmes : pourquoi ?
La déconstruction progressive des représentations erronées sur les hommes violents et sur les femmes victimes a permis de sortir la problématique des violences du champ des faits divers. L’ampleur du problème – plus de 200 000 femmes chaque année en France, a minima – est connue de longue date ainsi que la prévalence du sujet dans tous les groupes sociaux [1]. Les violences faites aux femmes constituent ainsi un enjeu de santé publique majeur.
En 25 ans de travail pour sensibiliser le monde médical à la question des violences faites aux femmes, le sujet est devenu “grande cause nationale” en 2010 et des plans nationaux se sont succédés jusqu’au Grenelle des violences conjugales en 2019. Pourtant, un constat d’échec s’est fait sentir que résume ainsi Serge Portelli, expert en matière d’aide aux victimes pour le compte de l’Union européenne, dès 2009 : “Il faudra bien trouver des solutions radicalement nouvelles car on ne peut tirer de ce qui a été tenté depuis une vingtaine d’années qu’un bilan dramatiquement négatif. On n’a pas suffisamment idée de la crainte que suscite l’appareil policier ou judiciaire dans la population. S’adresser au commissariat ou à la gendarmerie est l’issue d’un long processus, très aléatoire, réservé à une partie infime de la population. Ce n’est d’ailleurs pas toujours le bon choix et nous n’avons pas forcément à le favoriser. Il faut donc impérativement innover en créant des structures qui n’aient pas ce caractère judiciaire ou policier, sans en être totalement coupées. Nous devons faire en sorte de trouver un autre endroit qui serve de sas et qui permette ensuite, si nécessaire, de basculer vers la voie pénale [2]”.
C’est pour surmonter ce sentiment d’impuissance que s’est construite, en juillet 2016, à l’initiative du Dr Ghada Hatem, la première “maison des femmes” à Saint-Denis (93). La mission confiée à l’Inspection générale des affaires sociales en 2016 [3] s’est notamment appuyée sur cette initiative pour établir une “modélisation de la prise en charge en un lieu unique des femmes victimes[...]
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