
Endométriose : faut-il explorer et comment ?
L’endométriose touche environ 10 % des femmes en âge de procréer. Le diagnostic reste complexe : il est basé sur l’interrogatoire, l’examen clinique et l’imagerie, comme l’échographie et l’IRM, mais aucun moyen diagnostic seul n’est suffisant.
Les techniques d’imagerie sont particulièrement utiles pour détecter les formes profondes, bien que des biais existent, notamment pour les formes superficielles.
Des outils récents comme l’analyse des microARNs dans la salive montrent une sensibilité et une spécificité élevées, surpassant même la cœlioscopie diagnostique. Cette avancée pourrait révolutionner la stratégie diagnostique, en réduisant les interventions chirurgicales inutiles et en permettant un diagnostic plus précoce. Un algorithme intégrant ces innovations est proposé pour améliorer la prise en charge globale des patientes.

Perturbateurs endocriniens et spermatogenèse
Les perturbateurs endocriniens sont des substances exogènes capables de perturber l’homéostasie hormonale, affectant ainsi la fonction de reproduction masculine. Ils peuvent en effet générer des anomalies au niveau de la spermatogenèse. L’objectif de cette étude est d’exposer l’impact des différents perturbateurs, tels que le bisphénol A, les phtalates, les pesticides, les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), les dioxines, la pollution de l’air et les métaux lourds, sur la qualité du sperme et la fertilité masculine. Ces substances, via une exposition in utero ou à l’âge adulte, peuvent altérer la plupart des paramètres spermatiques (numération, concentration, mobilité et morphologie des spermatozoïdes). Ils peuvent également induire des dérégulations hormonales, des lésions des cellules testiculaires, des dommages de l’ADN spermatique et des risques accrus de malformations génitales. Face à ces enjeux, des efforts sont menés pour évaluer et réguler ces substances au niveau national et européen, notamment sous l’égide de l’ANSES. Le déclin croissant de la qualité du sperme souligne la nécessité de poursuivre les recherches, et de sensibiliser le public aux dangers des perturbateurs endocriniens.

Comment diagnostiquer et traiter le syndrome des ovaires polykystiques en 2025 ?
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est la première cause d’infertilité chez la femme. Ce trouble endocrinien, présent chez 6 à 10 % des femmes en âge de procréer, est défini selon les critères de Rotterdam dont les recommandations ont été mises à jour en 2023. Ces critères associent la présence d’ovaires plurifolliculaires, d’une dysovulation, ainsi que d’un syndrome métabolique complexe et d’une insulinorésistance. Plusieurs facteurs, notamment environnementaux tels que l’alimentation, et les facteurs endocriniens, ont été incriminés dans son développement.
Le SOPK représente un enjeu de santé publique en 2025 du fait de ses complications tant sur le plan métabolique avec l’obésité et le diabète de type II, qu’au niveau de l’incidence cardiovasculaire, l’hyperandrogénie, l’infertilité et les complications gestationnelles telles que le diabète gestationnel, l’hypertension artérielle gravidique jusqu’à la prééclampsie, et la mortalité prénatale. Une prise en charge pluridisciplinaire est donc recommandée. Les recherches scientifiques se poursuivent pour mieux définir l’étiologie et les implications à long terme de cette pathologie complexe.

Comment prendre en charge les infections urinaires à répétition de la femme ménopausée ?
Près de 50% des femmes présenteront au moins une infection urinaire au cours de leur vie. Après la ménopause, le risque augmente et les épisodes récidivants sont fréquents, favorisés par la carence œstrogénique. Il s’agit principalement de cystites provoquées par Escherichia coli.
Le traitement probabiliste est réservé aux épisodes de cystites aiguës simples survenant avant 75 ans et sans risque de complication. En cas de cystite à risque de complication ou de cystite récidivante, le choix de l’antibiothérapie repose sur le résultat de l’ECBU qui est réalisé à chaque épisode.
En parallèle de l’antibiothérapie curative, la prévention des récidives associe des conseils en matière d’hygiène et de miction, un apport hydrique quotidien suffisant et l’application vaginale d’œstrogènes. Une antibioprophylaxie au long cours est envisageable en dernier recours.

Le Syndrome de Lynch et le gynécologue
Le syndrome de Lynch est un syndrome héréditaire de transmission autosomique dominante qui prédispose principalement au cancer du côlon, mais aussi, chez la femme, au cancer de l’endomètre et de l’ovaire. Le diagnostic s’appuie sur des critères personnels et familiaux qu’il faut savoir identifier.
Récemment, les recommandations de traitement des cancers de l’endomètre ont vu apparaître des tests moléculaires tumoraux au diagnostic afin de classer les tumeurs. Il est donc important de savoir interpréter ces tests pour orienter au mieux les patientes. Le rôle du gynécologue va donc être central, tant dans le diagnostic que dans le suivi des femmes à risques.

Contraception et prédispositions génétiques au risque de cancer du sein ou de l’ovaire
On estime qu’environ 5 à 10 % des cancers du sein sont héréditaires et qu’environ 2 femmes sur 1 000 seraient porteuses d’un variant délétère (dit “mutation”) BRCA.
Les patientes porteuses d’une mutation BRCA présentent un risque très augmenté de cancer du sein ou de l’ovaire en comparaison avec les femmes de la population générale. Or, on sait que les contraceptions hormonales peuvent modifier le risque de présenter un de ces cancers.
En France, il n’existe aucune contre-indication à la prescription de traitements hormonaux chez les patientes porteuses d’une prédisposition génétique au cancer du sein et de l’ovaire, en l’absence d’antécédent personnel, mais il est important de pouvoir discuter des risques et bénéfices induits par ces traitements avec ces patientes souvent inquiètes de modifier leur risque déjà important.

Contraception et auto-immunité
Les maladies auto-immunes concernent 10 % de la population avec une majorité de femmes. Il existe un pic de fréquence au moment de la périménopause en lien avec les fluctuations hormonales, car les estrogènes jouent un rôle dans la réponse immunologique. Étant donné leur fréquence et leur âge de survenue, il est essentiel d’informer les femmes sur le type de contraception possible avec leur maladie. Par exemple, la contraception œstroprogestative n’est pas recommandée en cas de connectivite, car elle augmente le risque d’exacerbation de l’auto-immunité ainsi que le risque de maladie thrombo-embolique veineuse. Les microprogestatifs n’ont, eux, pas d’impact sur le risque vasculaire ou métabolique et sont donc utilisés de manière préférentielle chez les patientes lupiques. Enfin, il est possible de prescrire une contraception d’urgence, quelle que soit la maladie auto-immune que présente la patiente.

Quoi de neuf pour les tests de fertilité féminins en 2025 ?
Les tests de fertilité ont pour but de détecter les obstacles potentiels à la conception naturelle. À l’origine, ils sont circonscrits à l’exploration de l’infertilité et leur objectif est d’orienter les décisions professionnelles en matière d’assistance médicale à la procréation. Aujourd’hui, ils offrent de nouvelles perspectives pour l’évaluation et la gestion de la fertilité féminine. Les avancées dans ce domaine, telles que l’échographie 3D, mettent en lumière l’importance d’évaluations personnalisées en complément des initiatives d’information et de sensibilisation publiques qui jouent un rôle crucial dans la prévention de l’infertilité. Ces innovations, tel le Fertility Check Up (FCU), permettent une mesure plus complète de la fertilité féminine avec le bilan de la réserve ovarienne, de la perméabilité tubaire et de l’état utérin. Ces outils contribuent à une meilleure prévention de l’infertilité et à des conseils personnalisés pour les femmes en âge de procréer. L’éducation et l’information restent essentielles pour sensibiliser le public aux réalités de la fertilité humaine. Cet article explore les dernières innovations et les stratégies émergentes pour améliorer les tests de fertilité et leur accès.

Vulvites de la petite fille : conduite à tenir ?
La vulvite est une affection fréquente chez la petite fille, mais sa prévalence est cependant inconnue [1]. Elle survient en général entre 3 et 6 ans [2], chez des petites filles en cours d’autonomisation concernant la propreté, et disparaît spontanément vers l’âge de 8 ans. Il s’agit dans la quasi-totalité des cas de vulvites irritatives qui sont traitées par des règles d’hygiène simples. Il est alors indispensable d’expliquer à la famille que les vulvites peuvent récidiver en cas de relâchement des règles d’hygiène. La connaissance de la physiologie vulvaire de la jeune enfant est indispensable pour éviter de proposer des traitements inadaptés qui aggravent ou entretiennent la situation. Les autres causes de vulvite sont beaucoup plus rares et très faciles à distinguer cliniquement.

Chères lectrices, chers lecteurs,
Depuis presque 30 ans que je suis rédacteur en chef de Réalités en Gynécologie-Obstétrique, j’ai essayé de vous offrir, dans chaque numéro, des dossiers, des articles, des mises au point qui ont suivi l’actualité de notre spécialité. De nombreux progrès ont marqué cette période, d’autres sont en émergence. Le Dr Clémence Delcour va désormais prendre le relais. Son parcours professionnel et son dynamisme sont autant d’atouts qui, j’en suis persuadé, pérenniseront la qualité et le succès de Réalités en Gynécologie-Obstétrique.